Résumé :
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Le Sénégal, tout comme le Mali, est considéré comme une des rares démocraties de l’Afrique de l’ouest. Si l’on évoque parfois le problème casamançais, les tensions septentrionales avec la Mauritanie - qui ont dégénéré en conflit en 1989 et menacent de le faire à nouveau - ne sont que rarement étudiées. Pour Céline Vandermotten, ce conflit n’est pas, comme on l’a parfois présenté, un simple affrontement entre deux communautés ethniques. L’auteur s’applique dès lors à montrer la complexité du conflit, à dénouer ses racines et à pointer les nombreux points de discorde qui persistent encore.
L’ouvrage, issu d’une fine analyse tant de la presse que de la littérature scientifique, est enrichi par une enquête de terrain. Il présente rapidement les événements de 1989 et s’attelle à les replacer dans leurs contextes nationaux respectifs. Synthétisés dans le tableau 2, les soubassements du conflit sont d’abord analysés dans le cadre de la situation intérieure sénégalaise. Crise économique, sociale, politique, le pays n’est pas au plus haut et les événements à Dakar peuvent être considérés comme « des mouvements de foule spontanés ». En Mauritanie, la situation est bien différente. La question nationale se double d’une crise économique et comme souvent, s’amplifie lorsque la crise se renforce. C’est dans cette articulation entre question nationale (étroitement liée à la naissance de l’Etat mauritanien), difficultés économiques et aménagement de la vallée du fleuve Sénégal que se déroulent les événements de 1989. Les relations entre les différentes populations dans la vallée sont alors étudiées, en lumière avec les projets de mise en valeur du fleuve. L’éclairage est fait grâce à l’analyse de la question foncière mauritanienne.L’auteur établit ensuite l’enjeu de la mise en valeur de la vallée, en effectuant un bilan critique des projets : barrages et périmètres irrigués, modifications des habitudes agro-pastorales, perturbations de la pêche, inadaptations des cultures ; c’est un réquisitoire contre les projets de « développement » importés, mal pensés et mal - voire pas du tout - accompagnés. Posant la question de la responsabilité internationale, elle illustre la position inconfortable du Sénégal et celle - paradoxalement - plus aisée de la Mauritanie.
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