Résumé :
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Comme dans un miroir
Partages est un roman tragique et dur. Ce sont les voix emmêlées de Sarah et Leïla, deux jeunes adolescentes de 17 ans. Sarah, juive d'origine polonaise a quitté les États Unis avec sa mère, après les attentats du 11 septembre, pour rejoindre Israël. Leïla est une jeune palestinienne élevée dans un camp en Cisjordanie. Elles se partagent la narration au coeur des chapitres de la première partie puis elles évoquent leur famille chacune dans un chapitre et dans une construction originale, la troisième partie mêle chaque récit. Elles s'opposent par leur culture. L'une se définit par une phrase du Coran, l'autre par une phrase de la Torah. Mais elles vivent les mêmes choses, leurs livres d'histoire sont différemment présentés mais parlent des mêmes émeutes, des mêmes guerres. Elles se ressemblent par la terre, la peur et le souvenir des morts. Le style de l'auteur est très maîtrisé avec des phrases très longues qui laissent couler les émotions, les sentiments des jeunes filles. L'auteur parle en images et en mots. Dans la première partie, il est parfois difficile de savoir quelle jeune fille s'exprime car elles ressentent les mêmes choses dans leur vie quotidienne. Les personnages sont très complets, ils s'inscrivent dans un passé et un présent. Les descriptions de lieux sont évocatrices. L'auteur n'a pas souhaité s'alourdir sur le conflit israëlo-palestinien mais bien montrer, par ces rappels obsédants aux morts que chaque jeune fille porte sa culture et son destin avec la même conscience tragique. J'avais beaucoup aimé aussi la poésie et le style du précédent roman de l'auteur, Personne qui a reçu le Prix Femina en 2009. Gwenaëlle Aubry est une auteur sensible et intelligente qui restera parmi mes auteurs préférés.
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