Résumé :
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Guerres, famines, massacres, coups d'état, corruption, sida, désertification virus Ebola, etc. Telle est la litanie des médias dominants de l'information spectacle du Nord. Celle-ci a une double fonction en ce domaine : maintenir dans une apparente torpeur les sociétés de consommation qui dominent actuellement le monde, et imposer idéologiquement au Sud un modèle unidimensionnel de " développement " économique, social et culturel. Selon les clichés diffusés par ces médias, l'Afrique va extrêmement mal et semble vouée aux pires malédictions pour le XXIe siècle. Guerres, etc. Certes, ces faits sont là. Les drames qu'ils représentent pour les peuples et les déstructurations qu'ils génèrent dans les sociétés sont sans commune mesure avec les jugements rapides, aussi sentencieux qu'approximatifs, ou avec les larmoiements bien-pensants qui font l'essentiel du traitement médiatique réservé au continent africain. Ce " traitement " est lui-même un produit de l'idéologie dominante générée par les " eaux glacées du calcul égoïste " sur lesquelles naviguent les puissances politico-financières. Celles-ci, au nom du libéralisme triomphant et d'une vision hors de l'Histoire du monde mènent la planète à sa ruine écologique tout en amplifiant la fracture mondiale Nord-Sud, et en approfondissant la " fracture sociale " dans les pays dits " développés ". Il existe une autre Afrique que celle dont l'image est déformée par l'ethnocentrisme, les critères de l'audimat et les besoins de l'information aliénée : l'Afrique profonde. Celle des quartiers, des universités, et surtout, essentiellement, des villages. Une Afrique composée d'individus et de familles, de groupes, qui travaillent, produisent et résistent depuis des siècles à toutes les calamités qui les assaillent (traite négrière, colonisation, dictateurs autochtones, guerres). Les peuples des Afriques secrètes ne cessent pas de construire. Cette autre Afrique fonde ses structures psychosociologiques dans un passé d'histoire africaine, des religions endogènes et des créations culturelles et artistiques. Elle élabore des savoirs agricoles et des systèmes microéconomiques. Elle perpétue une dominante comportementale : la joie de vivre et la fête qui régénèrent les équilibres au sein des groupes. Afriques secrètes propose un voyage de l'intérieur à la rencontre des peuples africains. Cette esquisse de situations d'Afrique à l'aube du XXIe siècle se situe dans la filiation d'Afrique fantôme de Michel Leiris et d'Afrique ambiguë de Georges Ballandier. Ce livre retranscrit des notes prises durant trois décennies de parcours et de recherches dans les villages, les forêts, le Sahel, le bush, les cités et près des rivages. Afriques secrètes propose des analyses, procédant d'une anthropologie rebelle fondées sur l'étude des sociétés de dix-huit pays d'Afrique : Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Congo, Egypte, Ethiopie, Gambie, Ghana, Kenya, Mali, Maroc, Mozambique, Sénégal, Tunisie, de deux pays de l'océan Indien ayant des liens historiques avec l'Afrique - Madagascar et Ile Maurice - et de trois pays où les diasporas africaines issues de la Traite perpétuent ce que les afro-américains appellent the african heritage : Bolivie, Haïti et Cuba.
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