Résumé :
|
Quand un grand nombre de généraux montent au front, la conduite concertée des opérations, face à un négociateur redoutable de la taille de l’Europe, est indispensable. Aucun général ne devrait donc agir seul. Or, commente un conseiller du secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération, présent au dernier sommet UE-Afrique de Lisbonne, «la question avec Wade, c’est que lui-même ne semble pas savoir ce qu’il veut. Une fois il dit : "nous ne voulons pas". Ensuite, il dit que "chacun est libre de faire ce qu’il veut". C’est normal que même les Africains ne s’y retrouvent pas avec lui». Libre de faire ce qu’elle veut, la Côte d’ivoire peut-elle être accusée de trahison de la région ouest-africaine ? Bien sûr que non ! «Pour préserver ses intérêts majeurs», Abidjan a accepté, le 7 décembre dernier, de conclure un accord économique, dit d’étape, avec l’Europe. Pays non-Pma, le partenaire ivoirien ne bénéficie pas de la même concession que le Sénégal. Bruxelles évalua « à 700 millions d’euros par an, le montant des taxes qu’Abidjan [payerait] sur ses exportations (…) en l’absence d’accord». Pendant ce temps, « les pays les plus pauvres – [dont fait partie le Sénégal] - bénéficient, dans leurs relations avec l’Europe, de ce qu’on appelle "Tout sauf les armes". C’est-à-dire qu’ils peuvent exporter tout ce qu’ils veulent (…), sans quota ni taxe, ce qui est environ 90 à 95 % de leurs produits». Et la Stratégie de croissance accélérée (Sca), claironnée au Sénégal, ne s’oppose pas à la libéralisation du commerce. «Avec une croissance de 5 ou 6 %, le Sénégal fera encore partie des pays les moins avancés en 2015». C’est pourquoi la Sca «vise la consolidation d’un taux de croissance de 7 à 8 % (…), la diversification de ses sources par des secteurs à impact social élevé, et l’éradication de la pauvreté». Aucun profane ne s’opposerait à une telle «évidence». Mais en s’appuyant, pour l’essentiel, sur les «grappes de croissance» que sont l’agriculture et les produits de la mer, la Sca risque bien d’aggraver la faible productivité des sols et le tassement drastique des ressources halieutiques. Une chose au moins est sûre : la Sca, si elle se concrétisait, accélèrerait l’arrimage du Sénégal à la mondialisation néo-libérale. Pour l’UE, c’est le passage obligé pour l’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale. La méthodologie de la Sca séduirait même les milieux d’affaires au Mali et au Gabon.
|