Résumé :
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L'originalité et la modernité de son œuvre poétique font d'Hélène Cadou l'un des poètes les plus remarquables de la seconde moitié du vingtième siècle. Veuve de René Guy Cadou dont nous fêtons cette année le cinquantenaire de la mort (1951-2001), sa poésie s'élabore comme un acte d'amour dont le lecteur est le témoin surpris. Ce dernier y découvre une femme qui cherche, poème après poème, à recoudre ce que la mort a défait. Il apprend peu à peu à considérer chaque mot comme un " gardien du sang " grâce auquel Hélène Cadou advient, dans un nouveau langage, à une vie " plus drue ". Le poème devient la " seule demeure " où la femme-poète puisse dès lors se trouver, acquérir un nom et une voix, réapprivoiser le temps et l'espace et rebâtir l'unité apparemment défaite. Les modes poétiques d'expérimentation de la présence amoureuse de la femme au monde concentrent ainsi en elle, à travers cette œuvre construite en à peine plus de vingt ans, un potentiel de régénération insoupçonné. " A force de sape ", l'ordonnance d'un univers neuf affranchi de la mort est rendue possible par les mots. L'échange qui s'établit entre Hélène Cadou et le langage poétique prolonge et renouvelle ainsi sa relation amoureuse, transcendant les rapports de deux êtres, de deux vrais poètes, en une ouverture inattendue à tous les possibles, en un rapport nouveau de mot à mot. Le présent essai vient à point nommé donner à tout amateur de poésie l'envie de découvrir un imaginaire riche et cohérent, neuf de tous les mots usuels, usés, auxquels on ne prêtait plus attention.
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