Résumé :
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Certains dimanches, lorsque les rues se vident, vers une heure, on peut les voir, silhouettes agressives et incertaines, hanter les drugstores, prendre possession des cinémas désertés. Avec ses dix-huit berges à elle, ses vingt berges à lui, ils atteignent tout juste la quarantaine. Ils viennent de partout et de nulle part, sans identité précise. Il ne vivent pas, ils grillent les étapes et se gaspillent sans compter. Ils laissent aux autre le soin de se préserver, de s’économiser. Ces mots-là n'existent pas dans leur vocabulaire. Ils ont ce mépris du temps qu'on ne possédé qu'à cette âge. Par défi sans doute, par impuissance aussi. Vulnérables et provocants, ils sont devant la vie, devant la société, comme devant un médicament sans mode d'emploi. Ils ne savent pas comment l'avaler. Ils font partie d'une certaine jeunesse, marginale et silencieuse, dont les rues et les cafés sont pleins, jeunes gens responsables et conscients, résignés et lucides qui ont saute le murs trop tôt, aux prises avec un univers de solitude et d’incommunicabilité qu'ils ne maitrise pas. Ils vivent ensemble au jour le jour, une histoire sans histoire, puis se séparent pour une foule de raisons qui ne sont pas toujours évidentes,qui ne sont pas toujours les vraies.Leurs affrontements parfois puérils, souvent douloureux déjà adultes-trop-dans leur petit studio, volets clos sur les autres, sont peut-être la seule manière de se prouver à eux même qu'ils existent. Et qui sait, de passer l’hiver.
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