Résumé :
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Je suis un enfant de la colonisation, j'ai fréquenté les bancs de l'école coloniale, j'ai appris que mes ancêtres étaient les Gaulois et on m'a initié à Chateaubriand... Tout au long de ma carrière d'enseignant et de haut fonctionnaire, j'ai été amené à côtoyer des officiels français aux yeux desquels je ne suis jamais resté qu'un sous-fifre. J'ai voulu parler de ce non-dit, de ce tabou que j'ai constaté à de nombreuses reprises : la condescendance feutrée des coopérants, des officiels mais aussi de simples citoyens français à l'égard de ceux qu'ils appellent « les Africains ». Depuis la colonisation, la France a imposé en Afrique sa culture, ses modes de pensée et même son histoire. Il en résulte une forme de mépris qui perdure encore aujourd'hui, cinquante ans après les indépendances. Avec, comme conséquence, un désamour croissant entre nos pays. En tant que citoyen de ce qui était votre plus ancienne colonie en Afrique noire, j'ai beaucoup à vous dire. Prenez la peine de me lire. Prenez, un court instant, le temps d'écouter une de ces petites voix timides qui, par milliers, tentent vainement depuis des siècles de parvenir jusqu'à vos « oreilles rouges ». Fadel Dia est né au Sénégal en 1939, à l'époque de la colonisation française. Professeur émérite, il a été notamment secrétaire général de la Conférence des ministres de l'Éducation des pays ayant en partage le français.
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