Résumé :
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Seul le monde entier est assez grand pour contenir la furieuse impatience de Cendrars, sa vitalité explosive. Il lui arrive pourtant de s'arrêter. Comme Dan Yack, qui, après ses turbulentes et dadaïstes aventures se remet de ses émotions dans son chalet du Plan de l'Aiguille, près de Chamonix. Un décor très byronien, on songe à Manfred, ou encore à Mary Shelley et son Frankenstein. Dan Yack - Cendrars vient y parler sa littérature, aussi proche, émouvante, chaleureuse et tendre que peuvent être durs les glaciers du Mont-Blanc ou les banquises de l'Antarctique. C'est le temps du repli et de la petite Jehanne de France qui s'appelle ici Mireille. Le livre est un livre-tiroirs et les tiroirs sont pleins de souvenirs qui vont de la Nouvelle©Zélande à la Somme, en passant par le reste du monde. On parle souvent de Queneau inventeur du langage oral, il ne faudrait pas oublier le Cendrars des années vingt, dictant dans sa drôle de machine ces textes où l'intimisme le dispute à l'éclatement mental des images du passé et où le petit rire inoubliable de Mireille retentit aussi fort que le canon des tranchées sanglantes de la guerre toute proche. A lire ce Cendrars des Confessions, on se prend à penser que rien n'est plus simple que la littérature. Un chalet, un dictaphone, une Demoiselle quelque part pour remettre ces paroles dites en écriture et le tour est joué. Oui, et beaucoup s'y sont essayés plus tard. Pourtant, jamais personne n'a réussi ce tour de force ingénu. Nous parler, à nous lecteurs, des décennies plus tard, comme si nous étions là à bavarder, à écouter et pourquoi pas répondre à cet écrivain à nul autre pareil qui n'aimait pas écrire parce que ça l'empêchait de vivre et qui disait sa littérature comme on dicte une lettre d'amour au téléphone au beau milieu des trépidations de son coeur et du monde... Du monde entier au coeur du monde et du coeur du monde au monde entier.
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