Résumé :
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«Le temps fait un étrange travail. Claudel, d'écrivain officiel et recommandable, est devenu peu à peu une sorte de monstre indéfendable, I'objet de toutes les malveillances automatiques, de haines enseignées, d'une détestation programmée. Il est le grand vaincu des lettres françaises, ce qui permet à l'Opinion, désormais, de lui reprocher pêle-mêle sa religion affichée, son crime quant à sa sœur, son puritanisme militant, sa poursuite hypocrite des honneurs et des biens terrestres. Claudel maudit? Le renversement est comique. Quels ont été ses adversaires? Une drôle de trinité qu'on pourrait dire maintenant parvenue au pouvoir : Maurras, Gide, Breton. Soit : la régression académique, l'humanisme homosexuel, l'occultisme progressiste. Il s'agit, bien entendu, d'un problème profondément politique. Métaphysique? Oui, mais pas comme on croit. Et si, finalement, toutes ces controverses ne menaient qu'à une guerre de langage? Le Claudel-officiel et le Claudel-monstrueux ne seraient alors que deux façons de se débarrasser d'un effet positif de puissance verbale? C'est, on peut le soupçonner, le fond de l'affaire.»
Philippe Sollers.
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