Résumé :
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L’Occident, qui a salué avec ferveur les maîtres de l’école de Paris et les explorateurs du surréel, n’use plus avec allégresse du terme « folklore » pour aborder les créations artistiques négro-africaines, singulièrement la danse et la musique. Il est vrai que « l’avertissement » avait été donné par le Sud-Américain Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, qui faisait de la poésie affaire de tous et par tous. Ce que Lautréamont proposait à l’Europe, l’Afrique l’enseignait depuis des millénaires, qui a assigné à l’art une fonction sociale. Je veux dire une certaine manière d’appréhender le monde, de traduire celui-ci, jusque dans sa conformation la plus intime. Et l’attitude allie l’ouïe à la vue, le toucher à l’odorat. C’est là le début du phénomène de totalisation. C’est tout l’être qui est concerné, Et le sujet qui dit cette attitude est actif, dans le sens dynamique du terme. Il n’est plus contemplateur. Il émet et reçoit comme des ondes telluriques, qui sont la dalle sur laquelle repose la vie. Le sujet active le processus dans l’alliance des sens. Et le voilà qui chante, qui danse, qui peint, qui tisse, qui modèle. Il imprime à l’objet une partie de sa vie. Il pousse l’objet plus avant, dans une démarche d’ouverture, dans le cadre d’une vision sans limite. Et le voilà, maître du symbole, d’un symbole ambivalent gravitant autour de l’essence même de la vie. Cette essence ayant choisi pour support la parole primordiale du troisième jour. Tension inhumaine véritablement, qui dit l’œuvre de l’homme, ce fruit succulent, qui a requis toute l’énergie de l’homme et qui ne peut être offert qu’à l’homme.
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