Résumé :
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Au commencement de cet automne ensoleillé de 2016, Georges Balandier nous a quittés. En ce premier moment du deuil, je laisserai à d’autres, plus jeunes et plus compétents que moi, la tâche de mesurer l’importance de l’œuvre, la richesse et la diversité de l’apport scientifique, la profondeur de l’influence exercée. J’essaierai simplement de dire ce que Georges Balandier a été pour nous – nous : la génération des anthropologues africanistes des années 1960 –, la place qu’il a tenue dans nos vies, la dette que nous avons contractée envers lui. Je n’ai nulle qualité pour parler au nom d’autrui, et je n’évoquerai que mon cas personnel ; mais comme mon parcours n’a rien d’original, je crois que beaucoup pourront s’y reconnaître.
J’ai raconté ailleurs comment j’en suis venu à rencontrer Georges Balandier et à me ranger « sous sa bannière ». Entré à l’École normale en 1956, j’avais entrepris des études de philosophie, mais j’avais bientôt compris que celles-ci me conduiraient à une existence confinée entre les bibliothèques et les salles de cours ; j’aspirais à davantage d’espace et de mouvement. C’était par ailleurs le temps de la guerre d’Algérie, où la France offrait un visage parfois hideux, et je désirais « prendre le large ». Je me tournai donc vers une discipline qui, à tout le moins, me promettait voyages et dépaysements : l’anthropologie.
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