Résumé :
|
L’année 2002 fut certainement pour Dominique Gonzalez-Foerster (née en 1965) une étape marquante vis-à-vis de la reconnaissance nationale et internationale de ses œuvres. Un large public a en effet pu se promener dans son Park : plan d’évasion à la Documenta de Kassel. Peu avant, deux de ses films (Riyo, Central) passaient à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, et à l’automne, l’artiste était récompensée par le prix Marcel Duchamp, concrétisé par deux mois d’exposition au Centre Pompidou : ce fut Exotourisme. En galerie depuis 1988, le travail de Dominique Gonzalez-Foerster n’était toutefois pas confidentiel. Il a souvent été exposé en dehors de la France (par exemple : Aperto de Venise en 1993, ou Manifesta en 1998) ou dans des institutions connues, soit que l’artiste participe à une exposition conçue à plusieurs (par exemple DGF PH PP avec Huyghe et Parréno en 1998 au musée d’art moderne de la Ville de Paris, qui bénéficie d’un bon catalogue), soit qu’elle ait organisé elle-même la présentation de la manifestation (Moment Ginza à Grenoble, 1997, Elysian Fields au Centre Pompidou, 2000). Peu nombreux sans doute furent les bénéficiaires des “séances biographiques”, données à L’Hiver de l’amour (1994), cette exposition si révélatrice de nouvelles attitudes de la décennie précédente. Car l’œuvre était “la situation de rencontre” avec l’artiste, organisée autour de documents du participant, reproduits et recomposés au mur de façon à faire émerger “une nouvelle version du récit de soi”. Ces séances étaient aussi présentées sous forme d’environnement, type de travail où Dominique Gonzalez-Foerster excelle. Elle a réalisé ainsi des “intérieurs”, où l’on pourrait ne voir qu’un design chic et décalé, si les ruptures d’échelle, les indices d’une présence, les tonalités lumineuses souvent inattendues, ne contribuaient à donner le sentiment d’un sujet solitaire (auquel le spectateur peut s’identifier), fait de réception passive du monde, toujours au présent et toujours en retrait, en dépit (à cause) de ses multiples relations aux palpitations d’un monde technologique fascinant. Dans ces “chambres” reliées à l’extérieur par un radio-réveil électronique, un “Home cinéma” ou un minuscule récepteur, se sont bientôt glissées, par le biais de films réalisés au Japon ou au Brésil, les évocations d’un ailleurs.
|