Résumé :
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On connaît la formule, solide et traditionnelle, de la collection « Littérature » dont la maison Arthaud poursuit la publication. On n'y cherchera pas la séduction d'une présentation luxueuse, ni un point de vue révolutionnaire et systématique sur le concept de littérature, ce qui n'exclut pas la remise en cause de certaines idées reçues. Ce volume se présente comme une mise au point à la fois objective et passionnée sur les connaissances et les recherches actuelles ; comme un instrument de travail (le dictionnaire des auteurs —qui donne ses sources— et les bibliographies —soigneusement mises à jour— seront utiles aux étudiants et aux chercheurs), mais aussi comme une synthèse originale qui ne dissimule ni ses choix ni ses préférences.
Tout projet d'écrire une histoire de la littérature exige aujourd'hui que l'on prenne parti sur les rapports de l'histoire et de la littérature. Le plan et la répartition des matières adoptées manifestent la volonté de satisfaire une double postulation. L'importance donnée au contexte historique et aux différents conditionnements de la production littéraire ressort clairement. Le tableau chronologique à six colonnes, assez sobre, s'il donne une colonne aux biographies (hommage à la tradition) en consacre trois aux autres séries ; pour 1864, il signale la fondation de la première Internationale, ce que tout le monde ne fait pas... Les développements consacrés au contexte historique de l'activité littéraire occupent deux parties (soit 190 pages sur 480, près de 40 % de l'ensemble). Et, dans la partie dévolue à la littérature elle-même, 50 pages encore traitent des conditions matérielles et des données sociologiques de la production littéraire, à quoi s'ajoutent encore 20 pages sur la « littérature de consommation » . Plus traditionnelle, une dernière partie étudie les « créateurs » : Michelet, Hugo, Nerval, Flaubert, Baudelaire. Effet de pyramide : en bas le matériau historique brut, en haut la société des « Egaux », comme dirait Victor Hugo, tels qu'en eux-mêmes... La volonté est claire d'assumer jusqu'au bout le double postulat que la littérature est de part en part historique, et qu'elle n'a de sens qu'à se proclamer intemporelle ; la philosophie de William Shakespeare n'est pas si loin de nous...
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