Résumé :
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Les femmes en situation coloniale (et postcoloniale) ont été doublement négligées : comme sujets de l'histoire par les colonisateurs puis comme sujets d'étude par les spécialistes d'histoire. Or l'étude de leurs expériences amène à revoir ce que l'on croyait savoir de la colonisation. En croisant l'histoire des pays anciennement colonisés avec les perspectives de l'histoire des femmes et du genre, on prend la mesure de l'impact différentiel de la colonisation, de la décolonisation et des indépendances : hommes et femmes n'ont pas été affectés de la même façon par ces différents processus historiques, même si leur vécu se recoupe parfois. Aux différences sociales déjà reconnues s'ajoute donc celle du sexe, sans laquelle on ne peut rendre compte de la complexité des expériences historiques en Afrique ou en Asie au XXe siècle. Les contributions de cet ouvrage relisent donc l'histoire des pays anciennement colonisés en adoptant une autre grille de lecture. Non seulement elles prennent des femmes pour objet central mais elles se penchent sur les modalités de construction de l'identité féminine et sur les rapports sociaux de sexes à l'époque coloniale et postcoloniale. Du Vietnam à Madagascar en passant par le sous-continent indien et l'Afrique subsaharienne, les auteures y scrutent les expériences, parfois contradictoires, des colonisées, ainsi que le rôle des " colonisatrices ". Les articles s'attachent également aux discours tenus sur les femmes et aux représentations qui en ont été données : icônes de la sauvagerie, héroïnes en guerre, mères à rééduquer, agents de civilisation ou anges du foyer, elles sont aussi l'objet de tous les fantasmes et de tous les espoirs, quelle que soit l'époque. Cet ouvrage démonte ainsi les mécanismes à l'œuvre dans la " fabrication " des femmes en colonie et en postcolonie et analyse également les tendances de la production historiographique sur les femmes en situation coloniale.
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