Titre : | Jazz et vin de palme - Et autres nouvelles |
Auteurs : | Emmanuel DONGALA |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | le serpent à plumes, 2002 |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7473-0251-7 |
Format : | 156 pages / couv. ill. en coul. |
Langues: | Français |
Index. décimale : | 896 (Littératures africaines (littératures des langues africaines)) |
Résumé : |
Comment retenir une époque, un auteur, une œuvre ? Sur quels critères parmi tant de richesses dans une littérature si jeune et si complexe ? Le choix est difficile.Les noms les plus connus sont ceux de Léopold Senghor et de Birago Diop. Le premier roman qui a frappé, comme un coup de tonnerre, l’opinion publique française, est Batuala (1921) de René Maran, né à la Martinique mais d’origine guyanaise, dont l’enfance et l’adolescence se sont passées en France et qui, après de solides études à Talence, décida de faire carrière dans l’administration coloniale. Batuala, véritable roman nègre, ayant obtenu le prix Goncourt, est un témoignage réaliste sur la vie quotidienne dans un village de l’Oubangui-Chari. C’est l’époque de la « négritude » comme expression d’une race opprimée, comme un moyen efficace de libération mais aussi comme outil esthétique, « comme ensemble des valeurs de civilisation du monde noir » (P. Senghor).
L’œuvre que nous retenons n’appartient pas à cette génération mais à celle de la génération perdue, celle des désillusions qui ont suivi les indépendances et les engagements poilitiques soutenus par le sentiment de solidarité censé unir tous les peuples opprimés et, en particulier, tous les Noirs du continent américain.Le premier roman de Dongala, Un fusil dans la main, un poème dans la poche (1973) illustre cette solidarité mais déjà sans illusions sur les motivations des anciens esclavagistes blancs, les arabes musulmans tombés sous la domination coloniale ou sur les arrière-pensées du bloc communiste pendant la Guerre froide. C’est une solidarité d’intérêts communs, réaliste, dont le théoricien est Franz Fanon. L’ennemi, par nature, c’est encore le Blanc, coupable de néo-colonialisme, qui s’appuie sur des dictateurs fantoches et sur le Parti unique. La Fin des origines est une œuvre intéressante parce qu’elle témoigne de son évolution. C’est l’histoire de Nganga Mankuku, c’est-à-dire du « Savant qui défie les Puissants ». Il ne sait ni lire ni écrire mais il est initié aux connaissances traditionnelles, découvre par son intelligence et sa curiosité des propriétés nouvelles à certaines plantes pour guérir et rompt avec la tradition en refusant de garder secrètes ses découvertes, il partage ses connaissances. C’est un héros africain, libérateur, fier de ses ancêtres mais il entre en conflit avec son oncle et avec la société tribale traditionnelle. Ce très beau roman, traversé par un souffle épique, illuminé par la poésie de la nature africaine et des croyances païennes, se termine dans l’amertume de l’échec du héros qui n’a plus sa place dans le monde moderne mais pourtant retrouve sérénité et sentiment de plénitude dans la contemplation, hors du temps et des horloges des hommes, du grand fleuve s’engouffrant dans « l’immense océan, miroir d’un ciel et d’un monde neufs », « et lui, être sans naissance, sans origine, donc sans fin1 écoutait,contemplait, ébloui ; il ne savait pas si c’était lui qui soufflait, embrassait la terre, montait caresser la cime des arbres, si c’était lui qui brillait là-bas, là-haut. Il n’osait même plus poser son regard sur ces choses émouvantes et brûlantes comme une onde surgie du saxophone de John Coltrane ; ces choses pures comme un cri au premier matin du monde, belles et gravides comme une aube, de peur de les déformer, de les transformer. Et il osait encore moins, de peur de les souiller par la parole, donner un nom à ces choses nues. »Les dates et lieux de composition du roman ne sont pas indifférents. Lieux : Montpellier-Boko-Brazzaville-Tokyo ; dates : 1975-1978, 1983-1986. Ces voyages à travers le monde et les épreuves qui frappent le continent africain après la décolonisation et aussi le choix du camp socialiste par certains dictateurs africains modifient nécessairement le regard que porte l’auteur sur les réalités africaines et sa vision de l’avenir. En effet, le héros du roman a compris que le progrès du monde africain est conditionné par la connaissance scientifique et la maîtrise des technologies modernes qui lui sont fermées car il est trop tard pour lui, illettré, d’entrer dans le monde des signes. On est loin de la célébration de l’irrationnel des premiers temps de la « négritude » ! Est-ce à dire que la civilisation africaine n’a rien à nous apporter ? La dernière page de La Fin des origines témoigne d’une sagesse — d’un bonheur– que la modernité du monde occidental, par sa volonté de domination de la nature, a perdue pour son malheur. La référence finale à John Coltrane ouvre une perspective sur un monde réconcilié par la culture, par le langage universel de la musique. Le recueil de nouvelles, Jazz et vin de palme a été composé en 1982, c’est-à-dire entre Un fusil dans la main, un poème dans la poche et La Fin des origines. Il comprend huit nouvelles dont la dernière s’intitule A Love supreme, référence à l’œuvre musicale du même nom de John Coltrane (1964) (suivie d’Ascension [1965] dont le titre est révélateur de l’inspiration). Cette nouvelle, un hommage à John Coltrane composé dans le bouleversement causé par l’annonce de sa mort, d’où l’épigraphe :In memoriam J.C., 1926-1967, |
Exemplaires (2)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité | Code Couleur |
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DK10022700 | 896 DON | Livre | DAKAR | Littérature Afrique Caraïbes | Disponible | |
DK10022694 | 896 DON | Livre | DAKAR | Littérature Afrique Caraïbes | Disponible |